1 – PARENTHÈSE TERRIENNE
De passage ! Qu’on se le dise.
Hé oui, le bipède marin n’a
nulle intention de se réinstaller à terre pour l’instant, mais de multiples
raisons font qu’il laisse sa coque en sécurité pour rejoindre sa « mère
patrie ».
- Raisons familiales la
plupart du temps. Ce sujet est particulièrement complexe et méritera de s’y
pencher plus avant. Néanmoins, dès l’évocation des relations familiales, les
bipèdes, toutes conditions sociales confondues, n’ont qu’un seul mot :
« compliqué », comme s’il était, à lui seul, l’expression d’un très
fort ressenti. La plupart ont un grand sourire mais certains affichent plutôt
un rictus en guise de réponse. Ah les
subtilités des relations humaines…
- Raisons de santé parfois. Plus
rare mais inévitable dans certains cas, cette halte est considérée comme une
« révision » pour mieux poursuivre leurs routes.
- Raisons psychologique aussi. Un
besoin de se ressourcer durant un moment ; de faire le point également.
- Raisons professionnelles. Si si !
Certains mauvais esprits croient que le bipède marin est : soit rentier,
soit retraité. Hé non, certains travaillent ! Qu’on se le dise…
Un retour à terre de quelques
semaines où de quelques mois peut être une opportunité à ne surtout pas gâcher.
Car, contraint où non à rester à terre, cette halte permet d’entretenir l’indispensable
connexion au monde terrien. Il pourra se gaver d’informations en tous genres,
assouvir sa soif de culture en live, rencontrer d’autres univers.
2 – LE PIÈGE
Si avoir choisi de voyager tout
en vivant sur son voilier est une expérience aussi fabuleuse que dangereuse, il
existe un autre risque plus insidieux, plus pervers : l’isolement. En
effet, certains s’extraient consciemment ou non de l’évolution du monde. C’est
un choix comme un autre mais qui peut s’avérer dangereux à long terme. Ne plus
savoir ni comprendre comment fonctionne le monde isole et peut représenter un
danger. Un danger pour soi, pour son voilier ou simplement pour ses projets.
3 – EN DECALAGE
Souvent horaire à l’arrivée, nos bipèdes constatent
immédiatement l’utilité d’une réadaptation sociale rapide. Il leur faut
d’urgence « gommer » leur appartenance au monde des bipèdes marin. Et
comme une étude de l'OMS montre que les Français sont les plus
déprimés au monde, juste devant les Américains, il va leur falloir une bonne
dose d’humour et de stoïcisme pour résister à la morosité ambiante. Retrouver
les saveurs de la cuisine française et de ses vins est la première étape que
tous les bipèdes marin se font une joie de franchir. Ensuite, comme l’humain
possède une grande faculté d’adaptation, le quotidien terrien reprendra ses
droits avec ses codes, ses raisonnements, ses contradictions aussi.
Le bipède marin s’adapte et attend. Comme il est curieux et a
soif de connaissances, il essaie de s’approprier les informations issues des
domaines les plus divers. Que les choses soient claires, s’il a choisi son mode
de vie, ça n’est en aucun cas pour s’exclure de celui d’où il vient. Il est
parfaitement conscient de ses origines. Il sait que s’extraire du monde terrien
est un suicide programmé.
Alors il s’informe, fait des
projets, essaie de trouver des solutions à ses préoccupations du moment mais
surtout, reste positif.
4 – LA CHANCE
« Vous avez de la
chance… » Voici une formule lancée à l’envi par nombre de personnes croisées à terre. Le
phénomène est si récurrent que le bipède marin en perdrait presque sa sérénité.
Ce concept existe en dehors de tout contrôle. C’est une
croyance voire une superstition. Alors, dire vous « avez de la chance »
à un bipède marin n’a aucun sens. Il a choisi son devenir en fonction de ses
possible. Les choix sont décisifs, ont des conséquences. Des années de mise en
forme avant réalisation de son projet, des risques calculés ou non… Alors
« pitié », la chance n’a rien à voir dans l’histoire. Quant à induire à notion de
privilège ! Là, on atteint des sommets. Aussi, pour
s’éviter d’entendre de telles énormités, nos bipèdes évitent parfois d’informer
leurs interlocuteurs de leur mode de vie.
Encore une fois, entre en jeu le concept des « relations
humaines » et l’interaction entretenue par les individus… La complexité d’aborder
des sujets et d’être sinon compris, mais tout au moins entendu. Tout un
programme.