Où rien ne se passe comme prévu !
Nos
bipèdes se souviendront de leur dernière escapade comme d’un rappel aux lois
maritimes. Le tout n’est pas de vouloir, mais de pouvoir. Ils avaient des
projets plein les neurones. La météo et quelques complications d’ordre médical
les ont pulvérisés. Si l’on ajoute une obligation de retour en France en mai,
le timing devient plus que problématique.
Ils
voulaient rejoindre Miami par l’océan. Ils sont descendus par
l’Intracoastal et ont « perdu » un temps fou. Pourquoi ?
Mais à cause d’une météo scandaleusement capricieuse qui n’a cessé de retarder
leur départ.
Arrivés
à Miami, un virus qui passait par là a sauté sur le capitaine. Le virer a pris
une douzaine de jours et leur a fait manquer deux fenêtres météo.
Résultat,
ils n’ont pu parcourir les routes prévues jusqu’au Rio Dulce - Guatemala.
L’obligation
de sortir Adélie des Etats Unis (voir législation) les a contraints à naviguer
aux Bahamas.
Les Bahamas
Grande est la tentation, faire un
« copié/collé » de l’article sur les Antilles et le tour serait joué.
En fait, pas du tout. Les Bahamas sont bien pires. L’adjectif peut sembler
excessif, et pourtant…
Les Bahamas sont aussi « une
immense maison de retraite à mer ouverte ». A la différence des Antilles
du Sud, la suprématie américaine est incontestable. La navigation est à 80 %
motorisée, et si l’on veut voir une exposition de yachts, c’est là qu’il faut
aller. L’exhibition du luxe s’épanouit sans retenue. Equipages aux allures
impeccables, hydravions pour véhiculer les propriétaires et annexes volumineuses
pour se rendre à terre. Toboggans, jet-skis et autres jouets égayent aussi les
mouillages. Suivant les lieux, c’est un vrai festival d’animation aquatique.
Bien
qu’il y ait plus de 700 îles et îlots,
les mouillages plus ou moins protégés sont pris d’assaut. Et, au milieu
de toute cette euphorie, se glissent les voiliers. La plupart sont sous
pavillon canadien, et plus précisément, québécois. Ils sont très nombreux à
stocker leurs embarcations en Floride durant la saison des cyclones. L’hiver, ils
retrouvent les Bahamas et dépassent rarement ce périmètre.
Nombreuses
sont les îles privées. Accoster est interdit ou toléré le temps d’y faire
quelques courses aux tarifs prohibitifs.
Dans
l’ensemble, les paysages sont peu attrayants. Comme les îles sont plates et à
fleur d’eau, seul un maquis couvre les parties émergées. Elles se ressemblent
toutes et n’ont pas grand intérêt. L’atout majeur des Bahamas ne réside pas
dans la beauté de ses paysages (exception faite des plages), mais dans
l’exceptionnelle qualité et beauté des eaux transparentes qui les entourent.
Les
Bahamas sont une piscine géante où plonger devient un voyage fantastique à la
rencontre d’une faune aussi exubérante que fragile. Aux abords des mouillages,
la plupart des patates de corail n’ont pas résisté à la pollution engendrée par
la surpopulation maritime.
Beaucoup
se rendent aux Bahamas pour les « consommer ». Peu leur importe les
conséquences de leurs actes, ils sont là pour « profiter ». Quant aux
règles maritimes, il vaut mieux éviter le sujet, certains ne sauraient même pas
de quoi l’on parle.
Les
quelques autochtones croisés ont été aimables, souriants et serviables.
Surprise très agréable si on les compare aux les Antilles françaises. Question
de mentalité.
En conclusion, il n’y
a rien à voir en surface, mais tout à découvrir sous l’eau.
Nos
bipèdes ont été heureux de quitter ces eaux turquoise absolument somptueuses.
Après une escale à Miami, ils ont rejoint le Nord de la Floride par l’océan et
ont décollé.
D’autres
perspectives sur le monde terrien s’offrent momentanément à eux. Ils vont se
nourrir des possibles de leur environnement et se concentrer sur LE projet.
Celui pour lequel ils ont choisi Adelie : le passage du Nord-Ouest.