Carnet de bord - Sainte Marie la mer - Gibraltar



Instants fatidiques

Mise à l’eau d’Adélie.
Sainte Marie La Mer Pyrénées Orientales, mardi 8 octobre 2013, à 14 h 30, par une journée très ensoleillée. Moment toujours intense où ceux qui l’ont vécu savent qu’un incident est toujours possible. La manœuvre fut exécutée parfaitement et Adélie a retrouvé en douceur le contact de l’eau dans la darse qui semblait faite pour elle.
Vérification du presse étoupe et moteur qui tourne en attente. Tout va bien et nous gagnons le quai d’accueil au ralenti en évitant de nous ensabler. Amarrage parfait.
Nous venons de signer le premier épisode de notre histoire maritime 2013 après cinq mois d’attente depuis notre retour de Gibraltar (exactement de La Linéa).
Derniers préparatifs.
Ces quelques jours à flots sont essentiels pour prendre à nouveau la mesure du bouleversement qu’engendre la vie à bord. Si les contraintes terriennes ont été organisées et réglées au mieux, il faut cependant un sas au mental de quelques jours pour assimiler ce changement de contexte.
Une fois les derniers réglages effectués, la météo sollicitée, il devient alors essentiel de se reposer.
Maintenant, le départ dépendra uniquement de la météo.

La voile ou l’école de la patience.

Vendredi 1er novembre. La météo nous permet enfin de prendre le large à 11 h 30. « Risée Béta » hélas (pour les néophytes, il s’agit de l’expression employée pour signifier l’utilisation du moteur ; pour nous Béta, pour d’autres « risée Volvo » etc.).

Vers 16 h un BMS (bulletin météo spécial) nous annonce un coup de vent force 7 remontant de Gibraltar d’Ouest /Sud Ouest pour dimanche/lundi/mardi tandis que la Tramontane avec rafale force 7/8 se mettait de la partie samedi. Une mer clapoteuse jouait aussi les désagréables.

Sécurité oblige, Adélie s’est dirigée à Empuria brava. A 19 H, nous étions amarrés à l’entrée du chenal (non éclairé) dans l’attente de nous installer dans la marina le lendemain matin.

Un saut de puce donc, mais quel plaisir de retrouver les sensations « oubliées » à terre.


Cap Béar

Cap Creus

Empuria est la plus grande marina d’Europe. Nous sommes non loin de la capitainerie et confortablement amarrés. Pratiquement tous les commerces sont ouverts et la ville est animée. Touristes de toute l’Europe semblent s’être donné rendez-vous ici (majorité de Français tout de même ; proximité oblige). Les températures sont douces.


 Vues du cockpit

Nous ne bougerons pas avant mercredi/jeudi avec en perspective une « risée béta ». Mais, d’ici là, la météo aura peut-être évoluée. Une chose est certaine, nous sommes très contents d’être sortis du golfe du lion.

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A sont grand regret, Adélie est toujours ancrée devant la capitainerie du port d’Empuria brava (mercredi 13 novembre) . Quelques soucis techniques (comme le frigo qui rend l’âme sans préavis et qui en profite pour inonder deux coffres) et des conditions météorologiques très contrariantes font que nous sommes toujours là.

Nous savions qu’il serait compliqué de naviguer en Méditerranée en cette période de l’année aussi : « Patience et Stoïcisme » sont à l’ordre du jour.

Tout va bien à bord. Suite au prochain épisode.
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Arrivée Gibraltar lundi 9 décembre 2 h. Dès que possible le récit de la descente. Problèmes de connexion pour l'instant. Tout va bien.
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Voilà :

Il est 5 heures 15 mercredi 4 décembre. Le passage de quart vient de s'effectuer. Peu de mots, précisions dans les infos et le capitaine a rejoint la couchette pour deux heures de repos essentiels.
Mer calme mais risée Beta hélas. Dehors, ciel étoilé, aucun navire n'est en vue. La veille s'annonce calme. Le carré est chaud, presque trop.
Nous avons quitté Empuria hier à midi sous un magnifique ciel bleu. Traversée du golfe avec les neiges en horizon et le large qui s'ouvrait à nous comme une invitation. La magie ne dura que les deux premières heures car la houle s'est mise de la partie. Deux à trois mètres de creux et peu de vent, voici un excellent cocktail pour rendre l'âme. Ce fut fait rapidement. Résultat, deux heures out et récupération lente. Fort heureusement, le capitaine garde le cap. Depuis le réveil, l'organisme à l'air de se mettre au diapason de son environnement. Donc, à part la fatigue physique, tout est en ordre (parce qu'il faut tout de même être de grands malades pour se réveiller toutes les deux heures).
La mer est vide de toutes embarcation. Nous sommes seuls. Juste la mer, le vent et quelques poissons qui daignent nous rendre visite. Moteur et chauffage stoppés. Tout va bien.
20 h. La nuit est là. Tout va bien à bord. Nous récupérons de  nos premières 24 h. Nos organismes s'adaptent. Une nouvelle nuit s'avance. RAS.
4 h. Mer calme et risée Beta. Un cargo vient de passer devant l'étrave à une distance raisonnable confirmée par l'AIS. Cet instrument indiquant la distance d'impact, la route suivie, la vitesse etc. est un véritable élément de sécurité indispensable à bord. Il ne remplace pas une veille humaine mais son secours est vraiment d'une aide précieuse.
La nuit est étoilée et nous sommes peu nombreux à être en mer à cette heure où moi  aussi j'adorerais dormir. Mais bon, les motivations sont plus fortes que le confort d'un lit douillet.
Vers 7 h, nous assistons à un lever de soleil où Ibiza est en contre jour. C'est toujours un moment magique.
14 h Après le passage du cap de la Nao, escale à Moraira. Grand soleil et températures qui font plaisir. Nous avons troqué les pulls pour des T-shirts. Voilà qui fait du bien.
Arrêt gasoil et prise de la météo.
Vendredi 6 décembre. Départ à 11h sous un grand soleil et 19°5 à l'ombre dans le cockpit. Mer d'huile et douceur de vivre... Revers de la médaille : risée Beta.
21 h premier quart. La nuit est douce et nul besoin de chauffage. Un thé attend d'être bu. C'est un Sikkim Temi de bonne facture mais qui risque d'être dénaturé par la médiocre qualité de l'eau de Moraira. J'avais raison ! Cette eau est une offense faite à cet excellent breuvage.
Le dernier quartier de lune est orangé ce soir. Les lumières de la côte s'étirent à l'horizon. Minuscules lucioles rappelant que la terre n'est pas loin. Mais c'est là-bas. Ici, nous sommes dans un autre monde. La mer est noire et nous sommes seuls dans cet univers d'ombre sous les étoiles. C'est juste fantastique.
Samedi 7 décembre. Matinée sous le soleil mais avec une mer croisée et clapoteuse. Pas fantastique pour la navigation. Trop peu de vent donc risée Beta. Stoppé moteur durant quelques petites heures puis retour du ronronnement de la bête. Toujours peu de vent et petite houle énervante. Pratiquement personne en mer. Vigilance au passage du cap de la Gata car les fermes à thons sont un peu partout et très peu signalées.
Il est 21 h 30 - RAS - le chauffage n'est pas encore nécessaire.
La fatigue commence à peser car passer du calme d'un quotidien tranquille à un sport intensif demande une sacrée énergie et une adaptation brutale. C'est violent comme changement et de rythme. En principe, s'amariner demande trois jours ; c'est confirmé.
Arrivée à Gibraltar lundi à 2 H. Grand souvenir car la nuit change les perspectives. Rocher illuminé, nombre de tankers et autres cargos sont en mouvements ou au mouillage. Sacrée ambiance ! Cest magnifique mais pas question de relâcher la vigilance.
Ladrénaline coule dans les veines et malgré lheure, aucune fatigue ni sensation de froid.
La mer est bouilloire, désordonnée, agitée, vent force 5 dEst ; arrivée dans le détroit.
Nous arrivons 4h après la pleine mer comme prévu pour bénéficier des courants, nos calculs étaient bons.
Nous nous amarrons sous la capitainerie et dodo. Dans la matinée, l’on nous attribue une place dans la marina Alcaidesa à la Linéa de la Concepcion. Là, grande sensation de déjà vu ! Nous sommes, à un intervalle près, à la même place que l’année dernière. Nous retrouvons nos marques immédiatement mais sommes bien décidés à ne pas nous incruster.
Le Wifi ne fonctionne pas dans la marina et nous devons nous connecter au bar (d’où les courriels concis). Ce soir, le vent d’Est s’exprime ! Il fait froid et le chauffage est de retour.
Demain, nous allons vérifier si l’entente cordiale est toujours de mise chez nos amis anglais.
Mercredi soir. Vents violents et il fait froid. Peut-être aurons-nous un créneau météo en fin de semaine ?

Enfin l'Ouest...


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Dimanche 22 décembre 2013 et nous sommes toujours scotchés au rocher !
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Joyeuses fêtes de fin d'année à tous.