Martinique - Sainte Lucie : mouillages




Après un mois d’attente, nous sommes enfin fixés quant au devenir d’Adélie de mai a septembre. Nous pouvons donc bouger et quitter Le Marin avec grand plaisir.
Notre premier arrêt a lieu non loin, à Sainte Anne, pour retrouver Annick et Stéphane sur Errance. Nous y avons fêté dignement notre traversée de l’Atlantique conjointe.


Coucher de soleil sur le Diamant
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Deux jours plus tard, nous les quittons pour rejoindre la Grande Anse d’Arlet. Cinq heures de navigation sans problème qui nous ravirent.


Un peu d’histoire :
Au début de la colonisation, deux frères Caraïbes, Arlet et Pilote, auraient abandonné leurs biens et leurs terres aux colons du Nord de la Martinique, pour se réfugier dans le Sud, à la suite d’un traité signé entre eux. De ce fait, Arlet s'installa dans la région à laquelle il a donné son nom.
De nouveau, Arlet abandonna ses terres aux Français pour se retirer encore plus au Sud et les Jésuites s’y installèrent en 1665. Ils n’y restèrent pas longtemps et laissèrent leur place aux Capucins. Cette région de l’île se peuplait peu à peu ; les habitants avaient soin des chapelles à l’usage des missionnaires.
La première chapelle fut dédiée à Saint-Antoine de Padoue ; un baptême y fut célébré en 1671 par le Père Simon. En 1673, cette chapelle fut remplacée par une église. De grosses réparations ont été entreprises en 1687 par les soins financiers des « paroissiens » sous forme d’offrandes. Cette église fut détruite durant les années 1762 et 1763 par les Anglais qui incendièrent tout. Il fallut attendre quelques années pour que la population fut à même de reconstruire les maisons et de s’occuper des édifices religieux. L’église fut remise sur pied grâce au concours de Henri Larcher, riche habitant de la région. En témoignage de reconnaissance pour son bienfaiteur, elle fut placée sous le patronage de Saint-Henri.
Jusqu’en 1676, il n’y avait pas de paroisse établie dans cette partie de l’île ; les services religieux étaient faits par des prêtres de passage (Jésuites / Capucins / Dominicains). C’est à partir de cette date qu’un d’entre eux fut chargé des Anses d’Arlet et du Diamant.
Huit ans plus tard, les deux bourgs furent érigés en paroisses séparées mais continuèrent pendant de longues années à avoir un desservant commun qui résidait aux Anses. En vertu d’un décret publié le 12 juin 1837, le gouverneur du moment, Mackau, avec l’approbation du conseil, divisa la Martinique en vingt communes. C’est ainsi que fut créée la commune du Sud qui englobait les Anses d’Arlet (où le maire résidait), le Diamant et Sainte-Luce. Elle était administrée par un maire, trois adjoints et neuf membres du conseil Sainte Luce fut détachée en 1848 et le Diamant en 1862. Source Wikipedia.
En chemin, nous avons admiré les coéquipiers d’une course de yoles. C’est un sport très rependu en Martinique et les régates sont très disputées. 


Les premiers marins pêcheurs de la Martinique se servaient du gommier (embarcation tirée d’un tronc d’arbre du même nom qu’ils creusaient et taillaient.). Cet arbre finit par s’épuiser dans nos forêts en même temps que le nombre de pêcheurs augmentait.
Ils se tournèrent alors vers les îles voisines (Sainte Lucie et Dominique) pour s’équiper. Cette solution n’arrangeait pas tout le monde et certains cherchèrent une solution de rechange….
Dans les années 40, un charpentier du François, réussit à concevoir une embarcation s’inspirant à la fois du gommier et de la yole européenne.
La yole acquit ses lettres de noblesse et s’implanta sur la côte atlantique de Grand Rivière à Sainte Anne.
Les pêcheurs utilisaient principalement la voile pour revenir de leur lieu de travail à cette et se lançaient des défis : il s’agissait de ne pas arriver le dernier sinon ils perdaient le produit de leur pêche. Plus tard des courses sauvages furent organisées le Dimanche.
L’engouement du public fut tel que des courses furent programmées lors des fêtes patronales, principalement dans les communes du François, Robert et Vauclin sous l’impulsion de mécènes. 
Ce succès amena des hommes « visionnaires » à créer en 1972, l’association regroupant les deux embarcations de voiles traditionnelles « Société des Yoles et des Gommiers de la Martinique ». En 1984, chacune de ces embarcations traditionnelles prit son autonomie et c’est ainsi que naquit l’association « Société des Yoles Rondes de la Martinique ». Source http://yoles-rondes.net
 Nous avons pu apprécier les musculatures en plein effort ; impressionnant.
Plus loin, nous avons doublé le rocher du Diamant. Nous l’imaginions plus haut mais il est superbe. 

Un petit air de Dark Vador ?




 
Monstre sortant la tête de l'océan ? 
Il faut savoir :
Au début du XIXe siècle, la guerre faisant rage aux Antilles entre la France et l’Angleterre qui tentaient de s'assurer le contrôle de cet arc insulaire, les Britanniques décidèrent d'occuper l'îlot. En janvier 1804, profitant de l'effet de surprise et aidé par des conditions météorologiques favorables, le contre-amiral Samuel Hood (à bord du HMS Centaur) s'empara du rocher du Diamant qu'il s'empressa de fortifier2, installant cinq canons à son sommet (trois de 24 livres et deux de 18).
Une garnison de plusieurs dizaines d'hommes (107 d'après certaines sources3), placés sous les ordres du lieutenant Maurice, fut laissée sur place pour harceler la marine française. Les grottes servaient alors de dortoirs aux hommes (les officiers bénéficiant de tentes), pour pallier un ravitaillement incertain acheminé à l'aide de paniers hissés jusqu'au sommet grâce à des poulies et des cordes, un petit élevage de chèvres, de pintades et de poules se développa sur les maigres herbages du lieu2. Position inexpugnable, le rocher se vit conférer par la marine britannique le titre honorifique de « navire de guerre  » et devint le HMS Diamond Rock, préfixe  HMS étant l’abréviation de His Majesty's Ship.
Pendant dix-sept mois, les troupes françaises tentèrent de reconquérir en vain l'îlot, mais, en 1805, le gouverneur de l'île Villaret de Joyeuse, avec l'aide de l'amiral Villeneuve qui confia cette mission à une division commandée par le capitaine de vaisseau Cosmao-Kerjulien, parvint à reprendre le Diamant aux Britanniques. La garnison, manquant de nourriture et d'eau (les citernes ayant été fissurées), se rendit aux forces françaises, le 2 juin 1805. Source Wikipedia.
Mouillage dans la baie surpeuplée. Désagréable mais nous sommes aux Caraïbes et l’endroit est saturé ; il faut se faire une raison.





 La baie est visuellement très agréable. Le village de Grande Anse d’Arlet permet de s’approvisionner puisqu’unique épicerie offre des produits frais, surgelés, du pain et même du gaz. Pour avoir d’avantage de choix, il faut se rendre à la Petite Anse d’Arlet située non loin qui propose un éventail de boutiques. L’endroit est tout aussi agréable que la Grand Anse.


 Petite surprise que de voir quelques vaches à l'entrée du village de Petite Anse d'Arlet
Côté approvisionnement en eau potable, la chose est possible mais les prix prohibitifs. A éviter si possible.
A signaler, une adresse sympa pour déjeuner ou prendre en verre tout en lisant ses courriels (le plus performant Wifi de la baie) : le Ti Payot.

Nous avons passé une petite semaine à ce mouillage où nager avec les tortues fut un bonheur. Certaines sont munies de balises bien accrochées à leur carapace. Elles « supportent » les plongeurs avec, apparemment, grande philosophie…
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Ensuite, nous sommes partis pour Sainte Lucie. Nommée en l'honneur de Lucie de Syracuse, l'île est visitée pour la première fois par les Européens vers 1500 et colonisée tout d'abord par la France, qui signe un traité avec les Caraïbes en 1660. L'île est ensuite disputée entre la France et le Royaume-Uni, lequel en obtient le contrôle complet en 1814, avec le traité de Paris. Un gouvernement représentatif local est mis en place en 1924. Le pays devient indépendant le 22 février 1979, en tant que royaume du Commonwealth. Il adhère à l’Organisation des Etats de la Caraïbe Orientale en 1981. Source Wikipedia
Grande joie que de retrouver un semblant de pleine mer. Six heures de navigation jusqu’à notre arrivée à Marigot Bay. Immense. Malgré les nombreux voiliers, il y a eu moyen de trouver un mouillage tranquille. En apparence tout ou moins car, ho joie, le respect les limitations de vitesse n’a pas cours dans la baie. Entre les jets-ski, les pêcheurs et autres plaisanciers qui font hurler leurs moteurs c’est très désagréable. Si l’on ajoute la musique provenant du littoral en soirée, c’est complet ! Mais encore une fois, il faut se faire une raison ; tout le monde sait qu’il y a un monde fou.



  
Bonne surprise, pas de clearance à payer si l’on reste 3 jours. Autre bonne surprise qui n’a rien à voir avec la précédente, c’est arrivée d’Errance.
Castries est la capitale de Sainte Lucie où vit un tiers de la population. Située à quelques kilomètres de Marigot Bay, c’est en taxi collectif que nous nous sommes rendus au grand marché. Un lieu à voir même si le touriste est attendu comme une manne. Un aller/retour très « on the chapeau of the roue » mais au tarif très correct (10 dollars caribéens pour nous deux aller/retour – règlement à l’arrivée à destination). Inutile de chercher une ceinture de sécurité, il n’y en avait pas dans nos véhicules. A Sainte Lucie, on parle anglais mais certains s’expriment sans difficultés en français ; proximité oblige.
Le lendemain, cap sur les Deux Pitons. Ce site figure sur la liste du patrimoine mondial de l’Unesco car : « la Zone de gestion des Pitons renferme la plus grande partie d’un strato-volcan écroulé maintenu dans le système volcanique, connu par les géologues sous le nom de Centre volcanique de la Soufrière. Les traits caractéristiques de ce paysage volcanique sont constitués de deux vestiges érodés de dômes de lave, Gros Piton et Petit Piton. Les Pitons se présentent avec toute une variété d’autres caractéristiques volcaniques dont des cumulo-dômes, des cratères d’explosion, des dépôts pyroclastiques (ponce et cendres), et des écoulements de lave. L’ensemble illustre parfaitement l’histoire volcanique d’un volcan composite andésitique associé à une subduction de la plaque de l’écorce terrestre.
La Zone de gestion des Pitons tire son effet visuel essentiel et ses qualités esthétiques des Pitons, deux dômes adjacents de lave volcanique enchâssés dans la forêt et surgissant brusquement de la mer à des hauteurs supérieures à 700 m. Les Pitons dominent le paysage de Sainte-Lucie car ils sont visibles de pratiquement toute l’île et constituent un repère précis pour les marins. L’ensemble des Pitons devant la toile de fond de la végétation tropicale verdoyante et une topographie variée alliée à un premier plan marin contribuent à l’extraordinaire beauté de l’endroit.
Les deux aiguilles volcaniques jaillissant, côte à côte, de la mer (respectivement à 770 m et 743 m de hauteur). Gros Piton et Petit Piton sont reliés par la crête du Piton Mitan. Le complexe volcanique de la zone comporte un champ géothermique (solfatare) avec des fumerolles sulfureuses et des sources chaudes. Des récifs coralliens couvrent presque 60 % de la zone marine du site. Une étude a révélé 168 espèces de poissons, 60 espèces de cnidaires, dont des coraux, 8 mollusques, 14 éponges, 11 échinodermes, 15 arthropodes et 8 annélides. La végétation terrestre dominante est une forêt tropicale humide qui devient forêt subtropicale pluviale avec de petites zones de forêt sèche et des régions de bois de lutins humides sur les sommets. Au moins 148 espèces de plantes ont été recensées sur Gros Piton, 97 sur Petit Piton et la crête intermédiaire. Il y a 8 espèces d’arbres rares. Sur Gros Piton, on trouve quelque 27 espèces d’oiseaux (dont 5 sont endémiques), 3 rongeurs indigènes, 1 opossum, 3 chauves-souris, 8 reptiles et 3 amphibiens. » Source : http:/whc.unesco.org.


Nous comptions pouvoir mouiller dans les parages mais nous étions le week end de Pâques et cette saturation de voiliers et autres embarcations nous fit faire demi-tour illico. Le soir même, nous nous retrouvions à Marigot Bay où, paradoxalement, l’ambiance était plus calme. Le lendemain, nous quittions Sainte Lucie pour un dernier mouillage à Sainte Anne vers la pointe des salines.
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Le premier mai, Adélie gagne sa place d’hivernage. Grand nettoyage et maxi sécurisation au cas où…
Pas facile de quitter le voilier. Nous avons fêté la chose en compagnie d’Annick et Stéphane (hé oui, le monde est petit) de passage au Marin. Un nouvel établissement a vu le jour depuis notre départ 15 jours plus tôt. Son nom est « l’annexe » et, jusqu’à preuve du contraire, c’est le bar le plus sympa du coin – loin devant le Mango Bay autrefois un haut lieu des marins mais dont le personnel a oublié maintenant les bases d’un accueil chaleureux.