mardi 12 septembre 2017

Regards de bipèdes - V

Où rien ne se passe comme prévu !
Nos bipèdes se souviendront de leur dernière escapade comme d’un rappel aux lois maritimes. Le tout n’est pas de vouloir, mais de pouvoir. Ils avaient des projets plein les neurones. La météo et quelques complications d’ordre médical les ont pulvérisés. Si l’on ajoute une obligation de retour en France en mai, le timing devient plus que problématique.
Ils voulaient rejoindre Miami par l’océan. Ils sont descendus par l’Intracoastal et ont « perdu » un temps fou. Pourquoi ? Mais à cause d’une météo scandaleusement capricieuse qui n’a cessé de retarder leur départ.
Arrivés à Miami, un virus qui passait par là a sauté sur le capitaine. Le virer a pris une douzaine de jours et leur a fait manquer deux fenêtres météo.
Résultat, ils n’ont pu parcourir les routes prévues jusqu’au Rio Dulce - Guatemala. 
L’obligation de sortir Adélie des Etats Unis (voir législation) les a contraints à naviguer aux Bahamas.
Les Bahamas
Grande est la tentation, faire un « copié/collé » de l’article sur les Antilles et le tour serait joué. En fait, pas du tout. Les Bahamas sont bien pires. L’adjectif peut sembler excessif, et pourtant…
Les Bahamas sont aussi « une immense maison de retraite à mer ouverte ». A la différence des Antilles du Sud, la suprématie américaine est incontestable. La navigation est à 80 % motorisée, et si l’on veut voir une exposition de yachts, c’est là qu’il faut aller. L’exhibition du luxe s’épanouit sans retenue. Equipages aux allures impeccables, hydravions pour véhiculer les propriétaires et annexes volumineuses pour se rendre à terre. Toboggans, jet-skis et autres jouets égayent aussi les mouillages. Suivant les lieux, c’est un vrai festival d’animation aquatique.
Bien qu’il y ait plus de 700 îles et îlots,  les mouillages plus ou moins protégés sont pris d’assaut. Et, au milieu de toute cette euphorie, se glissent les voiliers. La plupart sont sous pavillon canadien, et plus précisément, québécois. Ils sont très nombreux à stocker leurs embarcations en Floride durant la saison des cyclones. L’hiver, ils retrouvent les Bahamas et dépassent rarement ce périmètre.
Nombreuses sont les îles privées. Accoster est interdit ou toléré le temps d’y faire quelques courses aux tarifs prohibitifs.
Dans l’ensemble, les paysages sont peu attrayants. Comme les îles sont plates et à fleur d’eau, seul un maquis couvre les parties émergées. Elles se ressemblent toutes et n’ont pas grand intérêt. L’atout majeur des Bahamas ne réside pas dans la beauté de ses paysages (exception faite des plages), mais dans l’exceptionnelle qualité et beauté des eaux transparentes qui les entourent.
Les Bahamas sont une piscine géante où plonger devient un voyage fantastique à la rencontre d’une faune aussi exubérante que fragile. Aux abords des mouillages, la plupart des patates de corail n’ont pas résisté à la pollution engendrée par la surpopulation maritime.
Beaucoup se rendent aux Bahamas pour les « consommer ». Peu leur importe les conséquences de leurs actes, ils sont là pour « profiter ». Quant aux règles maritimes, il vaut mieux éviter le sujet, certains ne sauraient même pas de quoi l’on parle.
Les quelques autochtones croisés ont été aimables, souriants et serviables. Surprise très agréable si on les compare aux les Antilles françaises. Question de mentalité.
En conclusion, il n’y a rien à voir en surface, mais tout à découvrir sous l’eau.
Nos bipèdes ont été heureux de quitter ces eaux turquoise absolument somptueuses. Après une escale à Miami, ils ont rejoint le Nord de la Floride par l’océan et ont décollé.

D’autres perspectives sur le monde terrien s’offrent momentanément à eux. Ils vont se nourrir des possibles de leur environnement et se concentrer sur LE projet. Celui pour lequel ils ont choisi Adelie : le passage du Nord-Ouest.